Retour aux actualités
Article suivant
Article précédent

Mattéo Guillemard - Mon année de césure : 6 mois à la SNCF et 5 mois dans le conseil en économie de la concurrence

Mobilité Internationale

-

28/06/2024

Une année de césure, deux horizon : data science à la SNCF et conseil en économie chez Analysis Group.


Afin de bien comprendre les raisons de ma césure, replaçons un peu de contexte. Avant d'arriver à Toulouse, j'ai suivi une licence d'économie-gestion à l'UPEC (Créteil) assez générale où les statistiques et l'économétrie m'avaient particulièrement plu. J'ai donc décidé de poursuivre mes études à la TSE au sein du Master Statistiques/Économétrie, comportant de nombreux cours liés à la data science. Ces différentes disciplines ouvrent un nombre particulièrement élevé de portes : de multiples métiers découlent de ces composantes et ce, dans tous les secteurs de l'économie. Néanmoins, devant ces innombrables possibilités, il est difficile de savoir exactement où aller travailler plus tard. C'est  donc pour gagner en confiance concernant mes projets futurs que j'ai décidé de réaliser une année de césure entre mes deux années de Master. L'objectif était alors de réaliser deux stages de six mois dans des secteurs différents, eux-même distincts de mon stage de fin de Master 1. J'ai donc quitté le Sud-Ouest pour la (moins ensoleillée) région parisienne. 

En plus de vouloir préciser mes futurs projets professionnels, j'aspirais à d'autres buts : développer de nouvelles compétences, découvrir des domaines-clés, élargir mon réseau et expérimenter la vie d'entreprise dans le secteur public et privé.

Après mon stage de fin de Master 1 au service statistique du rectorat de Versailles orienté traitement et analyse de données, j'ai réalisé mon premier stage de césure à la SNCF sur un sujet davantage data science avec, entre autres, la construction d'un modèle permettant de quantifier le lien entre l'affluence à bord des trains et la survenue d'incidents voyageurs. À la suite de cette expérience extrêmement enrichissante, j'ai décidé de réaliser mon deuxième stage de césure dans une entreprise de conseil en économie de la concurrence. J'ai alors pu travailler sur des cas pratiques de litiges entre grandes entreprises où j'ai dû faire appel à mes connaissances en théorie microéconomique, économétrie et analyse de données. 


Premier stage de césure : data scientist chez SNCF Transilien (Saint-Denis)

En septembre 2023, je commence mon premier stage de césure à la SNCF, plus précisément au sein de l'unité data de la Mass Transit, section se concentrant particulièrement sur les grands flux de voyageurs caractérisant les trains d'Île-de-France (RER et Transilien), branche de SNCF Transilien, elle-même branche de SNCF Voyageurs. L'objet principal de mon stage, occupant environ la moitié de mon temps, était un sujet de recherche : l'augmentation de l'affluence à bord des trains entraîne-t-elle une augmentation des incidents voyageurs (malaises, incivilités, bagages oubliés, etc.) et si telle est le cas, dans quelle mesure ? Ce sujet pratique s'appuyait sur des données précises concernant ces deux indicateurs. Le but était double : 1- apporter des réponses aux directeurs de lignes afin d'imaginer des solutions possibles et 2- faire avancer la recherche en transport en concrétisant ce travail par la rédaction d'un article scientifique proposé à une conférence en transport. J'ai notamment soumis un abstract à Transit Data, une importante conférence londonienne en transport, qui a été validé. 

En complément de cette mission de recherche, d'autres tâches davantage opérationnelles m'ont été confiées. J'ai notamment participer à l'élaboration de plusieurs tableaux de bord, d'un modèle de KNN permettant de prédire à la porte près la fréquentation des trains du lendemain ou encore à la création d'un data challenge pour l'ENS concernant la prédiction dans le temps du nombre de validations par gare en Île-de-France que j'ai eu la chance de présenter au collège de France.

Ces missions variées ont été extrêmement enrichissantes pour moi. J'ai notamment appris à coder sur Python, maîtriser Power BI, découvrir les enjeux du domaines ferroviaires, développer mes savoirs en Machine Learning, travailler au sein d'une équipe, prendre des décisions  mais surtout voir comment fonctionne une des plus grandes entreprises françaises pour répondre à ses objectifs. J'étais entouré d'une équipe fantastique dans laquelle je me suis pleinement épanoui durant ces six mois.

Dernier point concernant ce stage : la SNCF a cœur d'amener sur le terrain ses cadres. J'ai donc eu la chance de ne pas rester uniquement à mon bureau mais également de découvrir l'impressionnante force opérationnelle de la SNCF. Entre autres, j'ai eu l'honneur de visiter le Cnof (Centre national des opérations ferroviaires) gérant les incidents majeurs au niveau national, de réaliser un trajet en cabine avec un agent de conduite ou encore de participer à une expérience scientifique à gare de Lyon visant à évaluer la perte de temps causée par un voyageur montant dans un train sans attendre que les passagers en descendent. Ces expériences m'ont particulièrement marqué et ont largement participé à mon ressenti extrêmement positif à l’issue de mon passage à la SNCF.


Deuxième stage de césure : junior analyst chez Analysis Group (Paris)

Après uniquement un week-end de déménagement (à ne pas reproduire), j'ai enchaîné sur un deuxième stage tout à fait opposé. En effet, j'ai rejoint l'antenne parisienne d'une entreprise américaine de conseils en économie de la concurrence : Analysis Group. Trois types de dossiers sont traités par la firme : des litiges entre grandes sociétés, des projets de fusion à défendre devant les institutions et des évaluations de politiques publiques. Pour les deux premiers cas, si les avocats s'occupent d'avancer les arguments juridiques, nous travaillons à fournir des éléments économiques (issus de la théorie et de la littérature), statistiques et économétriques. En effet, l'analyse de données est un point particulièrement important dans ce métier : cela permet de prouver un dommage, calculer un préjudice ou encore estimer un contrefactuel pertinent. Lorsque les données manquent, des hypothèses sont à formuler, suffisamment justes et justifiées pour assurer une analyse correcte.

J'ai particulièrement travaillé sur des cas de litiges. Les tâches liées sont extrêmement variées, allant de la régression économétrique à la critique d'arguments de la partie adverse en passant par la recherche d'analyses servant notre dossier. En effet, l'aspect recherche est important : il est essentiel de trouver des arguments forts et des critiques difficilement opposables en remettant sans cesse en question son travail.

Ces missions m'ont permis de voir la manière dont la théorie microéconomique peut être appliquée pour le compte de grandes sociétés et comment l'analyse de données et l'économétrie sont mises au service de ce savoir. J'ai découvert le secteur du conseil qui contraste fortement avec mes précédentes expériences : le travail d'équipe, la prise de décision et la gestion du temps et du stress avec parfois des délais courts ont été mis à l'œuvre durant ce stage. Concernant l'aspect technique, j'ai appris à coder en Dplyr sur R, langage de programmation que je n'avais précédemment jamais utilisé. De manière générale, j'ai été fortement formé au sein de l'entreprise sur des outils et des compétences diverses.

Un point important a également été de découvrir la façon dont fonctionne une entreprise à taille réduite. En effet, avec sa trentaine de salariés en France, la façon de travailler diffère fortement par rapport à des entreprises ou des institutions employant des centaines de milliers de personnes. J'ai été parfaitement encadré avec une tutrice de stage et une équipe qui fut d'une grande sympathie et un véritable appui pour mes missions. Enfin, côté langue, étant une entreprise internationale, l'anglais avait une place importante durant ce stage, et j'ai pu alors davantage améliorer mon niveau.


Conclusion

En moins d'un an et demi, j'ai pu alterner entre trois champs de compétences distincts (respectivement : statistiques, data science, économie), dans trois secteurs différents (respectivement : éducation, transport, concurrence) mobilisant des compétences multiples (rien qu'en code : R base, Python Pandas, R Dplyr) et au sein d'une institution publique, d'une entreprise publique et d'une entreprise privée. Un point commun caractérisait ces trois stages : la recherche. La recherche d'informations pertinentes pour la rédaction de note académique dans le cas du rectorat de Versailles, la recherche d'un moyen de démontrer un lien statistique pour la SNCF et enfin la recherche d'arguments solides chez Analysis Group. Le tout répondant alors à ma recherche de précisions concernant mes projets professionnels qui se dessinent désormais.

J'ai bien entendu connu quelques difficultés cette année. Mes deux expériences m'ont à chaque fois mis devant des langages de programmation que je maîtrisais faiblement voire pas du tout. Face à cela, les équipes m'entourant se sont toujours révélées compréhensives et l'apprentissage s'est fait rapidement. Également, trouver mon deuxième stage de césure n'a pas été simple. En effet, à cette période, la concurrence entre candidats est accentuée et les recruteurs favorisent bien souvent les candidats en fin d'étude. Face à cela, il ne faut surtout pas se décourager et mettre toutes les chances de son côté. Je me suis notamment rendu au BND de la TSE où j'ai pu discuter avec des collaborateurs d'Analysis Group ce qui m'a permis d'obtenir un stage.

Cette césure a réellement été une chance pour moi et a dépassé toutes mes espérances. Je n'aurais jamais pensé pouvoir autant élargir à la fois mon champs de compétences, mes savoirs, mon réseau ou encore mon ouverture d'esprit concernant des domaines distincts. Ces expériences professionnelles raisonneront longtemps en moi et m'ont sincèrement aidé à faire des choix concernant mon futur.

J'ai essayé de résumer au mieux mon année qui fut pour le moins riche. L'année de césure, c'est aussi l'absence de travail les soirs et les week-ends. Ce fut l'occasion de découvrir et redécouvrir notre belle capitale ainsi que ses alentours et de passer du temps précieux avec mes proches. Mon stage à la SNCF a également rimé avec facilité de circulation (le TGV à 1€70 !) et donc des week-ends au quatre coins de la France. Cela m'a permis de profiter à fond de cette année pour reprendre avec grande motivation les études à la rentrée.

Je terminerai par quelques conseils. Si votre césure comprend un projet annexe et qu'en conséquence, vous ne souhaitez réaliser qu'un seul stage, choisissez plutôt de le faire en première partie de césure (de septembre à février). En effet, il sera plus aisé de trouver un stage à cette période. Enfin, trouver un appartement à Paris peut faire peur mais c'est tout à fait possible en se donnant à fond dans les recherches et en étant extrêmement réactif. Dans tous les cas, si vous souhaitez effectuer une césure, ne serait-ce que pour multiplier vos expériences professionnelles, n'hésitez surtout pas, c'est loin d'être un mauvais choix !

Mattéo Guillemard

1 J'aime
141 vues Visites
Partager sur

Commentaires0

Vous n'avez pas les droits pour lire ou ajouter un commentaire.

Articles suggérés

Mobilité Internationale

Semaine de la mobilité internationale du 14 au 18 octobre 2024

photo de profil d'un membre

Manon Delétang

08 octobre

Mobilité Internationale

Aïda Mikou : mon année de césure à Paris

AM

AIDA MIKOU

18 juillet

1

Mobilité Internationale

Titouan Roig - Mon année de césure académique à Luiss Guido Carli en Italie

TR

TITOUAN ROIG

17 juillet

1