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Mon année de Césure : 6 mois de Stage chez Paprec et 6 mois de stage chez Keewe à Paris

Gap year

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06.30.2024

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Témoignage stage de césure

 

Bonjour je suis Louis Malissard, étudiant à la Toulouse School of Economics et je vais vous narrer mon année de césure. Le récit se fera de façon chronologique et a pour unique vocation le témoignage sincère et fidèle d’une année charnière dans ma vie. N’y voyait donc aucun but personnel ni valeur de vérité universelle pour un étudiant. Ce récit est le mien, il traduira mon ressenti, de mes certitudes à mes contradictions, et surtout mon naturel, dans mes émotions et même dans mes défauts. 

 

Pour citer Montaigne, voici mon témoignage de bonne foi, lecteur :

 

  • Ma motivation

 

C’est en M1 que j’ai dû pour la première fois réellement réfléchir à la rédaction de mon CV. Un constat fut frappant : mon CV était vide. Je n’avais encore aucune expérience dans des métiers liés à mon cursus et la seule valeur ajoutée de mon CV était les projets de recherche que j’avais pu écrire. 

Je me disais que ce papier obligatoire pour les recrutements servait uniquement à dire que j’aimais le sport et que je savais garder des enfants. Gaspiller de l’encre ou de l’espace de stockage pour un papier inutile qui est supposé me mettre en valeur me faisait me sentir honteux. Cette honte se traduisait dans de grandes difficultés à participer dans les cours de développement professionnel. 

Il faut savoir que chez moi, on ne se vante jamais, c’est une sorte de pudeur qui pousse à ne pas parler de soi si on ne nous le demande pas. Je me demandais si c’était culturellement français, ce qui est dissonant avec l’image du coq fier qui nous représente pour l’Euro, ou simplement propre à ma personnalité. J’observais les élèves internationaux me raconter leur parcours et je me disais qu’ils étaient déjà beaucoup plus à l’aise que les locaux mais aussi qu’ils arrivaient à susciter l’intérêt des auditeurs sans passer pour des orgueilleux. Ils partaient avec des petits avantages professionnels mais ce n’était pas ça qui comptait, ils étaient entraînés. Entraînés à montrer une joie communicative à discuter avec des inconnus, entraînés à sublimer sans en faire des caisses et surtout entraînés à faire vivre un Curriculum Vitae dans l’esprit de ses lecteurs. 

C’était évident il fallait que je change quelque chose. Je devais sortir de ma zone de confort étudiante et de mes idées reçues pour initier ma transition dans le monde du travail. En bon scientifique, je me suis à alors dit que l’expérience prévaut. Il fallait que je me confronte à ce que je n’aimais pas. Quoi de mieux qu’une année de césure de stages pour cela. Dans cette année, je pourrais remplir mon CV (premier signal pour mes recruteurs), m’essayer à différents métiers pour connaître ce qui me plaît, tenter une multitude d’entretiens pour travailler mon discours et avoir des retours directs sur l’intérêt que je peux susciter. C’était ma solution.

  

  • La recherche du premier stage

 

Ce qui devait arriver arriva. On approche de la fin du Master 1 et il faut trouver un stage pour valider l’année. J’envoie des candidatures tout au long de l’année pour un stage en mars/avril. Deux entretiens au total. Ce chiffre est ridicule et ça me rappelle qu’il est à la hauteur de mon CV. 

Mais je ne comprends pas pourquoi c’est aussi cruel. Comment peut-on se lancer si on ne nous donne même pas de première chance ? Sur les deux entretiens, je n’ai pas honte de dire qu’un est obtenu par contact et que c’est celui-ci qui deviendra mon futur stage.  

Je me souviens très bien de la rage qui m’animait à cette période. Ce que je détestais par-dessus tout c’est le manque d’information (étonnant pour un économiste). Aucune communication de la part des entreprises, ce qui passe pour de manque de considération dégradant. Ces mails de refus automatiques qui faisaient des entailles à mon âme pleine d’espoir d’étudiant m’éloignaient de la personne émancipée que je voulais devenir. Je ruminais ma colère chaque jour et même l’obtention de mon stage avait du mal à effacer mes maux. J’étais conscient de la personne imbuvable que j’étais à ce moment-là et je n’attendais qu’une chose, c’était partir de Toulouse pour faire table rase et commencer mon aventure.

Pour autant, cette phase difficile est une source de motivation pour moi. Je m’en inspire pour me dire que tout sera plus facile maintenant. C’est comme dans toutes les disciplines, les premiers pas sont les plus durs. D’un autre point de vue , je qualifie ce moment comme un échec mais c’est positif, il n’y a aucune honte à échouer. Pour illustrer je voudrais citer l’un des plus grands jazzmans de tous les temps, Miles Davis, qui disait : "If you hit a wrong note, it's the next note that you play that determines if it's good or bad."

 

  • La nouvelle vie parisienne

 

Je ne vais pas raconter l’aspect logistique de la vie parisienne parce que je n’y attache pas un grand intérêt et que mes coreligionnaires le feront très bien. Je vais juste conseiller quelques applications utiles avant de reprendre : Jinka (recherche immobilière), Velib (déplacement dans Paris), Job that make sense (recherche de stage dans des métiers « à impact ») et Shotgun (trouver des événements festifs).

 

Un point important que je voulais aborder qui m’a frappé quand je suis arrivé à Paris c’est le côté lien social du lieu de travail. Il faut faire attention à la croyance qui dit que le travail est un lieu de rencontre et qu’il permet de se faire des amis. Je suis d’un naturel très sociable et fédérateur et j’atteste que les relations amicales au travail sont compliquées. Les Parisiens n’attendent personne, ils ont un rythme de vie très chargé. Entre les transports, les horaires et la vie perso, il est difficile pour eux de trouver du temps pour se faire un nouvel ami en la personne du nouveau stagiaire. Attention, ce n’est surtout pas une critique et ce n’est pas une vérité générale. Je dis uniquement que le temps se fait rare dans une ville où le champ des possibles est bien plus grand qu’à Toulouse. Personnellement, je n’ai jamais fait d’afterwork lors de mon deuxième stage de 6 mois et j’ai été grandement surpris par ce mode de fonctionnement. En revanche, la logique va dans les deux sens. Quand on s’installe réellement à Paris, il y a tellement de choses à faire qu’il est difficile de trouver du temps calme. C’est une ville magnifique qui est très exigeante en énergie et j’ai adoré vivre là-bas, elle me ressemble beaucoup. 

 

Pour revenir à mon récit chronologique, j’ai commis une erreur lors de mon premier stage : j’ai décidé de faire un stage de 6 mois qui a fini en novembre. Les entreprises ont pour habitudes de recruter des stagiaires à des périodes précise : Janvier, Mars, Juin, Septembre. J’ai souffert de cette situation car j’étais refusé pour les stages de septembre et c’était la disette d’offre jusqu’en décembre/janvier. J’aurais aimé faire trois stages lors de cette année mais ce choix m’a contraint. 

 

J’ai remarqué un autre de mes défauts lors du recrutement pour mon deuxième stage. Je n’étais pas en fin d’études. Les Master 2 seront toujours prioritaires car ils sont synonymes d’embauche en fin de stage. J’ai noté que quand j’invitais mes recruteurs à faire une projection dans le temps pour montrer que ma fin d’études n’était pas si loin, ils étaient tout de suite beaucoup plus favorables à mon embauche.

  

  • Mon année de stages

 

Je ne vais pas décrire mes stages et ce que j’ai pu apprendre mais plutôt faire ressortir ce que j’en ai conclu :

 

Premièrement, je suis très content d’avoir pu faire deux stages complètement différents, l’un en financement de projets et l’autre en conseil d’entreprise. Je suis passé d’un géant français du recyclage à une start-up très internationalisée. Il n’y avait aucun lien entre les deux que ce soit dans les sujets, dans le fonctionnement de l’entreprise, dans les clients visés ou dans les aptitudes demandées. Il faut aussi noter que l’anglais était primordial dans ma seconde entreprise car les collaborateurs à Paris ne sont pas forcément tous français.

 

Deuxièmement, une année de césure stage était primordiale pour moi et je la conseille à tous les étudiants. C’est une année où on aborde les premières responsabilités, le cadre de vie professionnel et l’autonomie à plein temps. Je pense avoir rempli mes objectifs avec cette année, je vais revenir à Toulouse plus serein tant sur mon avenir que sur la valorisation de mon parcours. J’ai hâte de revenir en cours pour aborder les sujets avec cette nouvelle vision d’« entreprise » que j’ai pu acquérir cette année.


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